Notre fondatrice, Claudine André
L'héroïne des bonobos
Derrière chaque espèce en danger, il y a des héros prêts à tous les risques pour faire une différence. Bravant les obstacles, ces individus assurent un espace protégé pour ces animaux, surmontent les difficultés juridiques et entraînent un soutien mondial pour les animaux victimes des actions humaines.
Pour les bonobos, Claudine André est cette héroïne.
Elle a accompli tout cela en République démocratique du Congo pendant les guerres civiles violentes et horribles qui ont secoué le pays. Son histoire inspirante nous rappelle à tous que même dans les pires circonstances, une personne suffisamment motivée, engagée et compatissante peut aider à sauver une espèce, un pays et même la planète.
"Ma première école a été la forêt. Je suis arrivée au Congo avec mon père qui était vétérinaire. Il m'a donné la chance de découvrir l'harmonie avec la nature - l'équilibre entre la terre, les humains et les animaux."
Faire face à la crise
Née en Belgique, Claudine a déménagé en RDC avec sa famille alors qu'elle n'avait que trois ans.
Des années après, Claudine vivait dans la capitale, Kinshasa, avec son mari, Victor. Elle dirigeait une boutique d'art tout en élevant ses cinq enfants. Des troubles politiques ont alors éclaté. Le pillage et l'extrême pauvreté sont devenus la norme. Au zoo de Kinshasa, où Claudine était bénévole, les animaux étaient négligés et risquaient de mourir de faim.
Un jour, Claudine a appris que le zoo avait recueilli un bébé bonobo malade. Poussés par les privations de guerre, les gens chassaient les bonobos pour leur viande, laissant leurs bébés orphelins.
"Le directeur du zoo m'a avertie de ne pas m'attacher, car c'était un animal incapable de survivre en captivité. Mais c'était comme un double défi pour moi - non seulement pour sauver le zoo, mais aussi pour sauver ce bonobo.
C'était Mikeno, mon premier bonobo."
Le secret des bonobos ? L'amour !
Aucun bonobo orphelin arrivé au zoo avant Mikeno n'avait survécu. Mais Claudine est restée avec l'orphelin, l'a câliné, a joué avec lui et l'a rassuré. Grâce à la compassion, le maternage et la détermination de Claudine à ne pas perdre Mikeno, le petit bonobo a survécu.
Dans les années suivantes, des études ont montré que les bonobos sont extrêmement affectueux et ont un besoin vital de contacts physiques. Claudine a découvert que nourrir et soigner un orphelin ne suffit pas pour le sauver. La clé de sa survie est l'amour.
La compassion et la perspicacité de Claudine André ont permis de découvrir cela, et c'est pourquoi Lola ya Bonobo est devenue la success story qu’elle est aujourd’hui.
“Les bébés bonobos refusent de survivre sans leur mère. Orphelins, ls n'ont plus qu'un seul but : mourir, car ils ne peuvent pas vivre sans amour.”
Les bonobos ont trouvé leur héroïne
À travers le bouche-à-oreille, le "don" de Claudine pour sauver les bonobos s'est répandu et des personnes sont venus du pays entier pour lui apporter des bonobos orphelins. Elle a fondé l'association "les Amis des Bonobos du Congo" (ABC) en 1994 et a ouvert le sanctuaire Lola ya Bonobo en 2002.
Claudine se souvient d'un scientifique lui demandant au début de son aventure : "Vous réalisez que ces animaux vont grandir ? Ils sont si compliqués et dangereux en captivité. Qu'est-ce que vous allez faire par la suite ?"
Comme les autres grands singes, les bonobos peuvent facilement vivre plus de quarante ans en captivité. Leur longévité nécessite un engagement à long terme. Claudine s'est vite rendu compte qu'elle avait besoin de trouver un moyen d'alléger la pression exercée sur le sanctuaire. Elle avait besoin de faire quelque chose qui n'avait jamais été fait auparavant : réintroduire les bonobos dans la nature.
Je peux encore m'entendre dire : "Je ne sais pas encore comment faire, mais je sais que je ne les abandonnerai jamais."
La recherche d'un refuge
Alors que la guerre civile faisait rage en RDC, Claudine a tenu son engagement envers les bonobos. Elle dormait avec les Directives de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) pour la réintroduction des grands singes sur son oreiller. Malgré les risques pour sa sécurité personnelle, elle a voyagé en canoë vers des endroits éloignés, à la recherche d'un refuge convenable. Avec le recul, elle avoue : «C'était fou !»
En même temps, elle travaillait sans relâche pour s'attaquer aux causes profondes qui amènent les bonobos au sanctuaire de Lola, sensibilisant les Congolais à la valeur de ce grand singe en voie de disparition ainsi qu'aux risques et à la cruauté de manger de la viande de brousse. Les efforts d’éducation d’ABC touchent désormais plus de 50 000 personnes par an. Les bonobos sont passés du statut d'animal totalement inconnu à l'un des plus aimés dans l'esprit des Congolais.
Claudine a également touché un public international à travers des livres sur les bonobos pour enfants et adultes, des documentaires et un long métrage. Dans le monde entier, elle est devenue une écologiste très respectée et reconnue par des distinctions telles que le Badham-Evans Award for Women’s Commitment to Wildlife (Royaume-Uni), le Prix de la Fondation Prince Laurent (Belgique) et l’Ordre national du mérite (France).
Autorisation par Wildlife Heroes
Résilience & Engagement
Grâce à son optimisme, sa volonté sans failles face aux obstacles et son leadership, Claudine a toujours su qu'elle pouvait réaliser ses objectifs. Quand on lui disait «non», ce qui arrivait très souvent, elle continuait à chercher la solution jusqu'à ce que la situation se transforme en «oui».
Claudine a fait face à de nombreux obstacles dans sa mission pour les bonobos. Chaque fois qu'elle en rencontrait, elle se disait : "C'est comme ça, c'est ce que tu dois faire." »
“Il y avait toujours quelque chose qui me disait : C'est comme ça, c'est ce que tu dois faire.”
Une première au monde : la réintroduction de bonobos dans la nature
Claudine a finalement trouvé le lieu idéal, et en 2009, elle a dirigé la première réintroduction réussie de bonobos. Depuis, d'autres ont suivi, chacune nécessitant des années de préparation. Plus de 30 bonobos sont de nouveau dans la nature car Claudine a promis de ne jamais les abandonner.
Après avoir commencé avec une poignée de bonobos et 15 hectares, plus de 60 bonobos de tous âges vivent, mangent et jouent dans 30 hectares de forêt au sanctuaire de Lola ya Bonobo.
“Consacrer ma vie à la conservation est un cadeau. La conservation est le travail de tous. Nous sommes tous responsables de notre planète. Nous n'avons qu'une seule planète et elle est si belle.”
Le combat se poursuit
Le combat de Claudine est devenu une affaire de famille. Après avoir consacré plus de 30 ans à la conservation des bonobos, Claudine a passé les rênes de l'ABC à sa fille, Fanny Minesi.
En tant que directrice générale d'ABC, Fanny dirige le sanctuaire et le site de réintroduction. Elle supervise les programmes éducatifs et les services aux visiteurs du sanctuaire. Grâce aux efforts de l'ABC avec Fanny à la barre, Ekolo ya Bonobo s'est étendu pour représenter plus de 48 000 hectares, un endroit spécial où les bonobos se développent et sont protégés et où les bébés bonobos grandissent dans l'amour de leur mère.
Tout aussi formidable que sa mère, Fanny est le moteur derrière l'expansion de la Réserve Communautaire d'Ekolo ya Bonobo en une réserve forestière reconnue au niveau national d'une superficie de près de quatre fois sa taille d'origine.
Le message de Claudine aux jeunes écologistes d’aujourd’hui ? “Il ne faut jamais perdre espoir, car il y a toujours une solution.”
Nous remercions Natasha Tworoski, auteur de “A Reflection on Claudine Andre, a Hero for Bonobos,” dont certaines parties de cette présentation ont été tirées et traduites, et Pan African Sanctuary Alliance.